L’impact environnemental est devenu une préoccupation majeure du secteur vitivinicole et la manière de produire a évolué vers une démarche plus écoresponsable. Et il semble que l’industrie vitivinicole s’attaque à son dernier maillon faible dans cette démarche environnementale : le conditionnement du vin. Dans ce contexte, des initiatives ont vu le jour pour proposer de nouveaux conditionnements moins polluants.
C’est le cas de la société britannique de packaging Frugalpac qui a lancé sa bouteille « Frugal », entièrement faite de papier recyclé. Son avantage majeur est de présenter un bilan carbone bien moindre que celui d’une bouteille en verre, étant cinq fois plus légère que cette dernière. En outre, cette bouteille en papier permet un packaging à 360 degrés. Les principaux détracteurs de ces bouteilles non-conventionnelles soulèvent l’impossible conservation des vins conditionnés ainsi. Or, les premiers résultats de cette entreprise démontrent une conservation de 18 mois en bouteille, sans impact sur les qualités organoleptiques du vin. Néanmoins, cette durée relativement courte peut peiner à convaincre certaines réticences.
Cette initiative n’est pas pour autant isolée et de grands noms s’affichent dans cette démarche pour proposer la bouteille de demain. Bacardi s’est ainsi associé au fabricant de biopolymères Danimer Scientific pour développer une bouteille 100% biodégradable en biopolymères. Cette maison phare des spiritueux proposera dès 2023 ses rhums dans ces bouteilles. De plus, LVMH collabore avec la start-up Green Gen Technologies pour proposer la bouteille Green Gen Bottle, fabriquée à partir de fibres de lin. Cette technologie permet le conditionnement des vins tranquilles mais également des vins effervescents. Il ne semble pas pour autant acquis qu’un vin effervescent puisse se retrouver dans une telle bouteille. En effet, en matière de champagne par exemple, le cahier des charges de l’appellation prévoit que les vins sont uniquement élaborés par seconde fermentation en bouteilles de verres. Cela constitue pour l’heure une obstacle juridique majeur pour la bouteille en papier, du moins dans ce secteur.
D’autres alternatives ont réussi à s’imposer dans les habitudes de consommation. Le Bag-in-Box (ci-après BIB) s’est en la matière largement imposé, représentant 40% en termes de volume des ventes de vins en grande distribution. Des caves se sont même spécialisées dans la vente de BIB, comme BiboVino. La canette de vin, déjà bien installée sur le marché international, notamment aux États-Unis, commence à faire son apparition en France, mais peine à convaincre le consommateur. Au-delà des habitudes de consommation, qu’il s’agisse de la bouteille en papier ou de la canette, ces conditionnements inquiètent le plus souvent quant à la conservation du vin, et plus précisément sur son goût. Certes, le vin est déjà disposé dans des cuves en inox, alors pourquoi pas dans des canettes ? Mais en matière de papier, il est certainement trop tôt pour affirmer l’absence d’impact sur les qualités du vin.
Pour autant, ces initiatives s’inscrivent dans l’ambition de la future politique agricole commune (PAC), qui souhaite renforcer les démarches environnementales.
Axelle GROS
Étudiante en Master 2 Droit du Vin et des Spiritueux
Université de Reims Champagne-Ardenne