L’article ci-dessous est une reproduction de l’article : BARBIER (Jean-Luc), L’échelle des crus en Champagne, La Champagne Viticole, juin 2020, pp. 60-61.
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Alors même qu’elle a disparu il y a presque vingt ans, l’échelle des crus est toujours mentionnée par des médias, en France et ailleurs, et même aussi parfois par les vignerons et les maisons de Champagne eux-mêmes. Il est vrai que la classification des communes viticoles champenoises a été au cœur des relations entre vendeurs et acheteurs de raisins à partir de 1911 et jusqu’en 2003.
Dès l’Antiquité, en Égypte, en Grèce, à Rome, et tout au long des siècles, le prix des vins a varié selon leur origine et aussi les périodes de l’histoire. Il en a été de même en Champagne. Au début de l’effervescence, Jean Godinot dans son ouvrage Manière de cultiver la vigne et de faire le vin en Champagne, publié en 1718, cite Auvillé, Ay, Epernay, Cumieres, Pierry, Fleury, Damery, Vanteüil & autres (qualifiés de vins de Rivière) et Verzenay, Sillery, Saint- Thierry, Taissy, Mailly, Rilly & quelques autres (qualifiés de vins de Montagne). En 1752, Nicolas Bidet, dans son Traité sur la culture des vignes, confirme cette liste en ajoutant Ludes, Chigny, Villers-Allerans, Disy et Mareuil, et il justifie son choix par la nature et la qualité des sols. Une première classification détaillée est réalisée par André Jullien. Dans son ouvrage Topographie de tous les vignobles connus, publié en 1816, il répertorie les principaux vins de France dans cinq classes distinctes en séparant les vins rouges et les vins blancs. L’auteur distingue une province Champagne qui réunit notamment les départements de la Marne et de l’Aube. Dans la Marne, pour les vins rouges, figurent en première classe Verzy, Verzenay, Mailly et Saint-Basle, Bouzy, le clos de Saint-Thierry, en deuxième classe Hautvillers, Mareuil, Disy, Pierry, Epernay, puis Taisy, Ludes, Chigny, Rilly, Villers Allerand et Cumières. en troisième classe Villedemange, Ecueil et Chamery, Chenay, Hermonville, puis Avenay, Champillon et Damery, en quatrième classe Vertus, Mardeuil, Montelon, Moussy, Vinay, Chaveau, Mancy, puis Venteuil, Reuil, Fleury-la –Rivière, Chatillon, Romery, Vincelles, Cormoyeux, Villers, Œuilly, Vandières, Verneuil et Troissy. Pour les vins blancs, sont mentionnés en première classe Sillery et communes proches, Ay, Mareuil, Hautvillers, Pierry et Disy, et en deuxième classe Cramant, Avise, Oger et le Mesnil. Dans l’Aube, pour les vins rouges, figurent en première classe Les Riceys, Balnot-sur-Laigne, Avirey et Bagneux-la-Fosse, et en deuxième classe Bar-sur-Aube, Bar-sur-Seine, Gyé, Neuville et Landreville. Par la suite, d’autres auteurs ont établi des classements différents et Jullien a même modifié sa classification lors des éditions ultérieures de son ouvrage. Dans tous les cas, il s’agissait de vins tranquilles prêts à la consommation.
Une première tentative en 1873
À partir de la fin des années 1860, les négociants cessèrent progressivement d’acheter des vins clairs auprès des vignerons et, soucieux de sécuriser et de pérenniser leurs approvisionnements dans un période de forte progression des ventes de Champagne (elles sont multipliées par quatre au cours de la seconde moitié du XIXème siècle), ils commencèrent à acheter des raisins lors de la vendange. Un marché s’est constitué et, en 1873, la presse locale publia un premier relevé du prix du kilo de raisins pratiqué dans chaque commune viticole. Les prix étaient fixés unilatéralement par chaque acheteur et sans aucune discussion avec les vendeurs. En 1890, ce sont les représentants des vignerons d’Ay qui réussirent à obtenir une rencontre avec les principaux négociants acheteurs dans ce cru afin de débattre du sujet ; chaque partie présenta sa position en argumentant, mais aucun prix ne fut convenu. Dès sa création en 1905, la Fédération des syndicats de la Champagne, qui réunissait des syndicats communaux de vignerons, proposa au Syndicat du commerce des vins de Champagne, constitué en 1882 et rassemblant les négociants traditionnels, de définir une échelle des prix du raisin selon les crus d’origine. L’objectif était de déterminer automatiquement le prix à appliquer dans chaque commune lors de la vendange : à partir du prix pour les grands crus, convenu chaque année entre les deux organisations professionnelles, aurait découlé le prix pour les premiers crus, égal aux 7/10ième des grands crus, le prix des deuxièmes crus, égal au 3/5ième des premiers crus, et le prix des troisièmes crus, égal aux 2/3 des deuxièmes crus. Cette proposition ne retint pas l’attention des négociants qui préféraient se mettre d’accord entre eux pour fixer seuls le prix payé aux vignerons dans chaque cru et à chaque vendange. Si les raisins des grands crus étaient recherchés et plutôt bien payés, ceux de nombreux autres crus étaient achetés à des prix erratiques et souvent très bas. Le Syndicat du commerce des vins de Champagne invoquait ses statuts qui lui interdisaient d’intervenir dans « la fixation des prix des raisins et des vins ».
À la suite de la révolte des vignerons marnais en avril 1911, le préfet de la Marne, préoccupé d’éviter des conflits au cours de la vendange, suscita une assemblée générale extraordinaire du Syndicat du commerce des vins de Champagne au cours de laquelle il demanda aux négociants d’organiser dans les communes des rencontres avec les vignerons. Le compte rendu de ces réunions, établi « à titre officieux et confidentiel » par le Syndicat du commerce des vins de Champagne, exprimait sans détour la difficulté des discussions. Elles aboutirent parfois, comme à Mareuil-sur-Aÿ : « Accord immédiat et facile aux 9/10 d’Ay ». Mais il a fallu aussi beaucoup de temps pour conclure, comme à Pierry : « Les délégués vignerons demandent 12% au-dessous d’Ay. C’est presque les 9/10 d’Ay. Prix sans précédent. Les acheteurs offrent les 6/10 ½ d’Ay. L’écart est considérable. Les vignerons abaissent leurs prétentions aux 8/10 d’Ay. Les acheteurs augmentent progressivement leurs concessions jusqu’aux 7/10 ½ d’Ay, prix qui dépasse toutes leurs prévisions et qui peut avoir une répercussion à Hautvillers et à Cumières. Les vignerons maintiennent leurs prétentions aux 8/10. Quelques jours plus tard, ils font savoir qu’ils acceptent les 7/10 ½ ». Dans certaines communes, c’était un constat d’échec, comme à Chouilly : « Les vignerons demandent le prix de Cramant en argumentant sur le fait que des vignerons de Cramant ont des vignes à Chouilly. Les acheteurs ne peuvent admettre que Chouilly soit mis sur un pied égal à Cramant et supérieur au Mesnil, à Oger et à Grauves. Ils offrent, comme à Grauves, le maximum admissible, soit les 8/10 de Cramant. Les vignerons maintiennent leurs prétentions aux 9/10 de Cramant et on se sépare sans accord ».
Une première classification en 1911
Quelques négociants, membres du Syndicat du commerce des vins de Champagne, acceptèrent de rencontrer, le 4 septembre 1911, à l’hôtel de ville de Reims, plusieurs délégués vignerons des grands crus, et c’est à la suite d’une seconde réunion, le 7 septembre, que les deux parties se mirent d’accord sur le prix à pratiquer dans ces grands crus. Aussitôt, les acheteurs annoncèrent aux vendeurs les prix résultant de la hiérarchie définie à la suite des réunions communales avec les vignerons dans les crus visités avant la vendange. Toutefois, en raison de la faible récolte (le rendement fut de 1600 kilos à l’hectare, après 115 kilos à l’hectare en 1910) et aussi de sa qualité remarquable, certains acheteurs, pour accroître leur approvisionnement ou simplement pour le conserver, acceptèrent souvent les revendications des vendeurs et alors tous les autres acheteurs dans cette même commune s’alignèrent sur ce prix exigé par les vignerons, avec parfois un effet collatéral sur le prix dans les communes limitrophes. Ce qui avait été refusé au cours des réunions préalables de concertation était consenti quelques semaines plus tard sous la pression du marché. A l’issue de la vendange, lors d’une réunion qu’il qualifia « d’extra syndicale », le Syndicat du commerce des vins de Champagne définissait, à l’usage de ses membres, et toujours de manière officieuse et confidentielle, un tableau récapitulatif des prix payés par les acheteurs dans les différents crus de la Champagne, à partir duquel il élabora une échelle classant chaque cru avec un pourcentage déterminé. Cette première échelle comportait 11 crus à 100 % (Ambonnay, Avize, Aÿ, Beaumont-sur-Vesle, Bouzy, Cramant, Louvois, Sillery et, pour les seuls raisins noirs, Tours-sur-Marne, Mailly et Verzenay). Au plus bas, l’échelle descendait jusqu’à 22,55 % pour quatre communes du canton de Charly dans l’Aisne. Au total, 194 crus, dont 168 dans la Marne et 26 dans l’Aisne, étaient répertoriés.
Une échelle consensuelle en 1919
Les acheteurs ont eu recours ensuite à cette première échelle, à caractère unilatéral, pendant plusieurs années. Elle était imprimée et diffusée dans les mairies et les centres de pressurage sans indication de son origine. C’est en 1919, avant la vendange, que le Syndicat du commerce des vins de Champagne accepta officiellement, pour la première fois, de rencontrer le Syndicat général des vignerons de la Champagne délimitée, qui venait d’être constitué pour succéder à la Fédération des syndicats de la Champagne, et les deux délégations se mirent d’accord sur une échelle commune des crus. Ce classement reprenait, avec quelques ajustements à la hausse, l’échelle établie après la vendange 1911. A nouveau, en 1920, alors que le Syndicat du commerce des vins de Champagne avait modifié ses statuts afin de lui permettre d’intervenir dans la fixation des prix, quelques crus progressèrent d’un commun accord. Dans ce classement, en comparaison avec l’échelle de 1911, de nombreux crus bénéficiaient d’un positionnement nettement amélioré : par exemple, Mareuil-sur-Aÿ passait de 90 % à 95 %, Rilly de 83 % à 88 %, Avenay et Vertus de 80 % à 85 %, Pierry de 75 % à 80 %, Hautvillers et Villedommange de 70 % à 80 %, Monthelon de 65 % à 75 %, les crus de la vallée de la Marne de 51-55 % à 60-65 %, les crus du Vitryat de 41-42 % à 51-52 %. Tout en progressant aussi, d’autres crus restaient cependant en-dessous de 50 %, et le bas de l’échelle demeurait à 22, 55 % pour quatre communes du canton de Charly. A cette époque, la délimitation de la Champagne viticole n’incluait pas le vignoble de l’Aube.
L’échelle des crus mise en place en 1919 par le Syndicat général des vignerons de la Champagne délimitée et le Syndicat du commerce des vins de Champagne exprimait leur volonté commune définie à un moment déterminé. Toutefois, elle n’avait aucun caractère obligatoire. Certes, tous les vendeurs et les acheteurs la respectèrent lors de chaque vendange de 1919 à 1925. Mais en 1926, alors que la récolte était réduite et que les négociants avaient besoin de reconstituer leurs stocks après un fort développement des expéditions, l’application de l’échelle des crus, à partir du prix convenu pour les crus du sommet lors de la réunion intersyndicale, fut rejetée dans tous les crus par les vendeurs et une seconde réunion révisa ce prix à la hausse, sans pour autant satisfaire les vignerons qui obtinrent à la vendange, dans tous les crus, des prix supérieurs à ceux résultant de l’échelle. A l’inverse, en 1929, avec une récolte très volumineuse à un moment où la chute des expéditions de Champagne alourdissait leurs stocks et réduisait leurs besoins d’approvisionnement, les acheteurs payèrent les raisins à des prix inférieurs à ceux déterminés par l’échelle des crus.
Une échelle de prix obligatoires
Au sein de la Commission de propagande et de défense du vin de Champagne constituée en 1931 par le préfet de la Marne, une sous-commission interprofessionnelle était chargée de discuter du prix du raisin. En 1932, malgré l’absence d’accord entre les représentants des deux syndicats, le préfet annonça un prix minimum pour les crus du sommet de l’échelle « qu’il serait de l’intérêt général de pouvoir pratiquer ». L’année suivante, tandis qu’un seul négociant participait à la réunion, et à titre individuel, au côté des représentants du Syndicat général des vignerons de la Champagne délimitée, le préfet récidiva « en vue de sauvegarder l’avenir même de la Champagne ». En dépit de cette intervention préfectorale, les prix s’effondrèrent. Au plus haut, en 1926 et 1927, les vignerons réussirent à obtenir pour les grands crus le prix de 10 francs le kilo (soit 6,36 euros), un prix presque trois fois supérieur à la moyenne des prix au cours des dix années précédentes. Au plus bas, en 1934, à l’exception de quelques transactions dans les grands crus, les rares acheteurs payèrent le kilo de raisin entre 1 franc et cinquante centimes (soit 72 et 36 centimes d’euro), parfois moins, sans distinction entre les crus, et nombre de vignerons ne trouvèrent aucun acheteur.
C’est dans ce contexte dramatique qu’un décret-loi créa, en 1935, à la demande des Champenois, la Commission spéciale de la Champagne viticole qui était habilitée à définir « chaque année, huit jours avant la vendange, les prix minimum par catégorie de crus ». Par délégation, une sous-commission interprofessionnelle était chargée de cette mission et les prix qu’elle déterminait étaient rendus obligatoires par un arrêté préfectoral dans chaque département concerné. En cas de non-respect, des sanctions étaient prévues. Les prix ainsi fixés progressèrent à chaque vendange et les crus les plus bas furent portés à 50 % en 1938 et à 56 % en 1940.
Un resserrement croissant du classement des crus
Le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), créé par une loi en 1941, à la demande des Champenois, recevait le pouvoir « d’étudier et proposer les prix applicables aux échanges entre récoltants et négociants ». L’éphémère regroupement par catégorie de crus défini en 1935 faisait place au retour de l’échelle des crus et le Comité se chargea de la gérer, de la publier dans la presse et d’en assurer la diffusion auprès de professionnels lors de chaque vendange. Les prix faisaient toujours l’objet d’arrêtés préfectoraux par département qui reprenaient l’échelle des crus avec le classement et le prix pour chaque cru, mais il s’agissait désormais d’un prix à la fois minimum et maximum qui était obligatoire. Le CIVC constitua une commission de l’échelle des crus, composée de représentants des vignerons et des négociants, elle était compétente pour examiner les demandes de modification et proposer les ajustements à apporter. Les échelles adoptées en 1941, 1944 et 1945 étaient profondément remaniées : tous les crus du bas de l’échelle étaient portés à 58 %, puis 70 % et 75 %, Puisieulx atteignait 100 % et un resserrement important visait tous les autres crus.
Les revendications formulées par le Syndicat général des vignerons de la Champagne étaient examinées par la commission interprofessionnelle et donnaient lieu à des débats animés. Si un consensus s’établissait avec les représentants des négociants, le CIVC décidait alors de réviser l’échelle. Plusieurs situations se présentaient. Il s’agissait d’abord d’introduire les nouvelles communes (21 en 1985) dans lesquelles des parcelles en appellation venaient d’entrer en production et allaient donner lieu, pour la première fois, à des transactions en raisins à la vendange : en principe, elles étaient positionnées au même niveau que les communes les plus proches ou parfois elles débutaient avec un classement provisoire au plus bas de l’échelle avant de progresser ensuite. L’objectif était aussi de constituer des régions homogènes regroupant plusieurs communes voisines afin de leur conférer le même classement. Enfin, des anomalies isolées étaient corrigées.
Reste que le contexte quasi-permanent de pénurie, latente ou intense, favorisait la prise en compte de beaucoup de revendications. En 1971, 73 crus de la Marne et 4 crus du canton de Condé-en-Brie obtinrent un classement amélioré, et les crus de l’Aisne, de l’Aube et de la Marne classés à 75 % montèrent à 77 %, avant de passer à 78 % en 1980 et à 80 % en 1981. En 1985, 35 crus furent bénéficiaires, en particulier Le Mesnil-sur-Oger, Oger, Oiry et Verzy évoluèrent de 99 % à 100 %, Chouilly progressa de 95 % à 100 % pour les seuls raisins blancs, Mareuil-sur-Aÿ atteignit 99 %. La dernière modification de l’échelle fut réalisée en 2003, avec l’introduction de Fontaine-sur-Aÿ à 80 % et le passage de 89 % à 90 % pour Coulommes-la-Montagne, Sermiers et Vrigny.
En réservant « l’emploi des termes Premier cru aux vins provenant des communes classées de 100 % à 90 % inclusivement dans l’échelle des prix en vigueur à la date de signature du présent décret, et l’emploi des termes Grand cru aux vins provenant des communes classées à 100 % », le décret du 1er juillet 1952 confirmait l’échelle des crus fixée par le CIVC. A noter aussi, en 1962, une décision de l’Institut national des appellations d’origine, abrogée ultérieurement, qui interdisait toute plantation nouvelle en cépage meunier dans les crus classés de 96 % à 100 %.
Un abandon inéluctable
Il est apparu que la fixation interprofessionnelle du prix des raisins n’était pas conforme au droit communautaire de la concurrence au regard duquel elle constituait une entente interdite, susceptible d’être condamnée et de donner lieu à une très lourde sanction financière. La fin du contrat interprofessionnel en 1989, qui n’était plus viable en raison d’une forte disproportion entre les engagements de vente des vignerons et les engagements d’achat des négociants, a été l’occasion d’abandonner ce dispositif de fixation d’un prix obligatoire à partir de la vendange 1990. Toutefois, à la place, le CIVC détermina un prix indicatif jusqu’à la vendange 2000 et ce prix cessa de faire l’objet d’arrêtés préfectoraux. Un tel prix indicatif était tout autant contraire à la réglementation communautaire et, à la suite de la condamnation de plusieurs interprofessions, le CIVC renonça à toute indication de prix à partir de la vendange 2001 et l’échelle des crus fut abandonnée à partir de la vendange 2004. La mise en place de contrats individuels entre chaque vendeur et chaque acheteur, en remplacement des engagements de vente et d’achat, impliquait la libre fixation du prix par les deux parties dans chaque contrat. A la suite de la disparition de l’échelle des crus, les mentions Grand cru et Premier cru, déconnectées de tout classement et detout prix, ont été pérennisées, « en vertu des usages locaux, loyaux et constants », sous la forme d’une liste des crus bénéficiaires incluse dans le cahier des charges de l’appellation d’origine contrôlée Champagne instauré par le décret du 22 novembre 2010 qui abrogeait le décret du 1er juillet 1952.
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Sans guère d’équivalent dans les autres régions viticoles, en France comme ailleurs, l’échelle des crus fut un instrument utile pour organiser et réguler les relations entre vendeurs et acheteurs de raisins. Dès lors qu’elle était devenue inadaptée à l’évolution de l’environnement tant juridique qu’économique, la sagesse était de définir un cadre plus pertinent, conforme à la réglementation en vigueur, que les professionnels se sont peu à peu appropriés et qui fonctionne de façon satisfaisante.
Jean-Luc Barbier
Docteur d’État en droit
Ancien directeur général du Comité interprofessionnel du vin de Champagne
Chargé d’enseignement à la Faculté de droit et de science politique de Reims